"Une singulière envie de produire"
Entretien avec Christiane Rambaud
Un entretien avec Christiane Rambaud, plasticienne.Dans l’entretien
ci-dessous Christiane Rambaud, enseignante, puis plasticienne nous livre
quelques-unes des étapes qui l’ont conduite des stages "création" du
Groupe Français d’Education Nouvelle à la gravure sur pierre et sur
bois, en passant par les aquarelles, les gouaches, l’acrylique.
Cette recherche obstinée qui suppose "de toujours chercher ailleurs,
plus loin, autre chose" (l’expression est empruntée au poète Jean
Tardieu), est aussi une confrontation avec le sens du travail plastique
et une interrogation sur ce que signifie "être artiste".
L’aquarelle, aux origines de mon
travail
Ch. Rambaud
: J’ai entrepris le travail de
la pierre en 1995, c’est-à-dire 8 ans après mon démarrage avec les
aquarelles. Il faut donc que je remonte aux origines.
Je n’ai pas appris l’aquarelle à l’école ou aux Beaux-Arts, mais je l’ai
découverte dans les stages du GFEN (Groupe Français d’Education Nouvelle)
(1) en Provence. A l’époque, nous parlions d’aquarelle indocile et
c’est bien vrai, tant elle part dans tous les sens et nous oblige à un
fascinant travail de gestion de l’aléatoire. "Aquarelle : habits de
lumière" me confronta au désir de maîtriser la lumière, la luminosité des
couleurs et la transparence dans ce mélange où l’eau et les couleurs se
repoussent sans cesse.
Cette découverte faite, je me suis mise à travailler bien au-delà du
stage, tous les jours, des années durant jusqu’à une première expo :
"Ruptures et continuités" en 1991. Je pris peu à peu conscience que tout
me séparait des autres, mes amies “ artistes ” qui, elles, étaient
supposées savoir faire de l’aquarelle et alignaient les productions
figurant des marchés et des rues de Manosque, sur lesquelles chacun
pouvait reconnaître jusqu’aux maisons et même les personnes représentées.
Filigranes : "Depuis ce
temps, je ne me suis plus arrêtée …" dis-tu.
Ch. Rambaud
: En aquarelle, j’avais tout à
découvrir. Je me suis, peu à peu, construit des savoirs sur les couleurs,
sur l’espace, sur la relation entre le plein et le vide. Au début, je
remplissais toute la page et les couleurs se chevauchaient !
J’ai appris progressivement à maîtriser l’espace, à laisser du blanc, à
organiser le rapport des couleurs entre elles, à penser le mouvement.
Selon la manière dont on passe l’eau, les pigments diffusent et courent
sur la feuille. Le travail consiste alors à en déposer d’autres qui
empêchent l’avancement de telle couleur, qui profitent de la fuite de
telle autre. C’est une sorte de lutte dans un espace restreint. Le
mouvement, je le travaille maintenant en sculpture et en gravure. Je
m’aperçois que l’aquarelle a été un déclencheur.
Comment forme-t-on le projet de
continuer ?
Ch.
Rambaud : Peu de temps
après les premiers stages, je me suis dit : "je décide de devenir
artiste". Maintenant, avec le recul, et sachant un peu mieux ce que c’est
"qu’être artiste", je trouve que c’est là un bien grand mot. A l’époque,
il signifiait pour moi la décision de me mettre à travailler la création
plastique, de me mettre en recherche. Dans le même temps, un lien s’est
établi avec mon père qui a beaucoup peint lui aussi. J’ai retrouvé une
filiation, même si, pour sa part, il n’a jamais dit qu’il voulait "être
artiste !" Son maître mot était : "Je ne peins que la réalité" !
Filigranes : C’est en
quelque sorte un choix existentiel, peut-être aussi le désir de faire
évoluer ton identité ?
Ch. Rambaud
: J’ai été enseignante, militante
associative et politique. Depuis 3 ans (date de ma retraite), je ne suis
plus la même. Je vis pour créer. Dans la vie professionnelle, vient le
moment où se pose la question de l’âge. Dans le domaine de la création,
pas du tout. J’ai pu m’engager sur ce nouveau chemin parce que mes enfants
sont grands et je peux donc penser à une autre vie.
Filigranes : L’idée de
recherche est une idée forte de l’Education Nouvelle. On connaît la phrase
“ Je cherche, donc j’apprends… ”. Devenir artiste, c’est donc pour toi
comme entamer une recherche dont tu ne connais pas la fin, mais qui te
ménagera des ouvertures multiples, et t’initiera à des savoirs nouveaux…
Ch. Rambaud
: À ce moment-là, je reçois très
fortement l’influence de nos amis Jean Coste et Antoinette Battistelli. Je
suis fascinée par la manière dont Jean évoque son travail de plasticien
comme une recherche. A ce moment-là, il y a aussi votre regard, Odette et
Michel, qui positive chaque avancée dans mon travail.
En même temps que les aquarelles, je me lance dans les acryliques, la
peinture à l’huile. Je prends les couleurs dans les tubes avec les
spatules. Je tente des mélanges, j’attends parfois un mois que cela sèche.
Je produis des collages qui, peu à peu, prennent de l’épaisseur, comme
dans un bas–relief. Je travaille avec du papier journal, de l’enduit à
l’eau, des sables, et ainsi, me semble-t-il, je vais peu à peu vers la
sculpture. Je m’aperçois que chaque fois que je travaille les matériaux et
non les seules couleurs je ressens comme une exaltation...
Je
collectionnais des pierres depuis longtemps. Un jour, je décide qu’il me
faut désormais explorer cette matière du dedans.
Carnets et calepins, écriture,
lectures
Filigranes : Quel rôle
ont joué tes carnets dans cette recherche ?
Ch. Rambaud
: J’en ai à ce jour une
quarantaine. Ce sont des carnets de travail. Le premier, j’ai l’ai mis en
route dans une des nombreuses réunions du GFEN ! Je dessinais avec des
stylos chargés de différentes encres, moi qui "ne savais pas dessiner". Je
refusais l’idée d’un apprentissage préalable, renforcée dans cette
conviction par ma lecture de Jean Dubuffet dans "Asphyxiante culture".
Filigranes : C’était
une sorte d’autorisation qui t’était donnée là…
Ch. Rambaud
: Oui, j’ai beaucoup appris de
Jean Dubuffet, de Gaston Chaissac, d’Antoni Tapiès. C’est un peu grâce à
ou à cause de leur œuvre mais aussi de leurs écrits que j’ai avancé,
parallèlement à ce que je découvrais dans les stages. Ce qu’ils disaient,
je le prenais à mon compte et j’en faisais mon viatique. J’y trouvais les
arguments théoriques qui me confortaient dans l’idée que “ moi aussi, je
pouvais créer” et qu’il fallait que je m’y mette !
Filigranes : Autrement
dit, des éléments de réflexion biographiques….
Ch.
Rambaud
: A un moment de ma
vie, j’ai beaucoup avancé avec la lecture de l’autobiographie de Calder
lorsqu’il évoque ce petit cirque mobile qu’il avait fabriqué et avec
lequel il voyageait de par de monde. Quand on lit ce texte, on a
l’impression d’entendre sa voix ! Il était technicien puis ingénieur et a
occupé divers emplois et cela l’a aidé du point de vue technique à
fabriquer tous ces petits objets.
Mais je ne suis pas restée dans l’anecdote. La création vue sous l’angle
biographique m’a surtout permis de comprendre qu’il faut certes avoir le
désir et le projet de devenir artiste (j’insiste), mais que
l’artiste ne sort pas du lot des humains pour autant. C’est une personne
qui, elle aussi, vit au jour le jour et bricole pour assurer le quotidien,
mais – c’est là la différence – l’artiste ne se prive pas d’échafauder
dans le même temps de nombreux projets
fous pour en réaliser quelques uns !
Filigranes : Les
carnets sont aussi un lieu d’apprentissage à l’abri du jugement…
Ch. Rambaud
: Avec les carnets, j’ai fait mon
éducation du trait, de la mise en page, et un peu celui de la couleur
aussi. Je me donnais des consignes : fermer les lignes courbes, passer dix
fois sur la même ligne, etc. Ainsi j’acquérais une certaine assurance de
la main et du trait. Ensuite, j’ai acheté des boites de feutres, toute la
gamme des couleurs possibles. Je remplissais les pages, je travaillais les
aplats, les couleurs, le mouvement. Je faisais plusieurs dessins par jour,
jamais deux fois le même, et je m’étonnais de voir tout ce que je
produisais. Je commençais à me construire le concept d’infini.
Des carnets qui ne comportent
pas que des dessins…
Ch. Rambaud
: C’est vrai, dans ces carnets il
y avait aussi de l'écriture. J’ai commencé par placer, en marge ou en
regard de mes productions, des textes qui ne devaient pas nécessairement
leur correspondre terme à terme. Ma règle a été ensuite qu’une page sur
deux soit écrite : une alternance systématique entre écriture et dessin,
quelle que soit la production par laquelle je commençais. Cette contrainte
m’a donné de l’assurance et m’a d’ailleurs conduite à proposer des textes
à Filigranes.
Trouver de l’assurance dans les graphismes me donnait de l’assurance pour
les mots, et inversement. Les deux productions se nourrissant l’une
l’autre. Produire quelques lignes qui feraient le début d’une histoire ou
qui décriraient ce que l’on voit en privilégiant l’insolite, donne une
sorte de fond sur lequel s’appuyer et dans lequel puiser une force
inattendue.
En les feuilletant récemment, j’ai compris que ces carnets m’avaient
nourrie sans que rien ne soit planifié. J’ai redécouvert par exemple tout
ce que j’avais pu produire dans la forme du fragment : fragments de
textes, de graphismes, entrelacements et imbrications d’objets. J’ai aussi
été étonnée de ce que j’avais fait en matière de cernes, ce qui m'entraîna
du cadre au hors-cadre, du dit au non-dit. Cela me semble loin maintenant,
et pourtant...
(c) Gravure Christiane
Rambaud
La dure matière minérale
Ch.
Rambaud : Je sais que
ces cernes sont en lien avec le mouvement du ciseau sur la pierre et
interviennent aujourd’hui jusque dans le choix de cette pierre dans mon
actuel travail de sculpture. Je choisis mes pierres parce qu’elles ont
telle ou telle forme, comme si elles étaient déjà cernées. J’ai repéré une
chose toute neuve : le travail des formes rondes, des visages, des
personnages. Cela s’est structuré peu à peu et depuis je n’ai plus arrêté.
Filigranes : Quelles
contraintes la pierre impose-t-elle ?
Ch. Rambaud
: Intervenir sur la forme initiale
d’une pierre est presque impossible tant le galet est dur. Je réfléchis
donc aux choix qui sont les miens : dépôts morainiques glaciaires ou
pierres métamorphiques avec inclusions de grenats trouvés en Isère ;
grands galets ronds venus de l’Ubaye et pris dans le lit de la Durance
(des pierres qui sont arrivées là avant la construction du barrage de
Savines-le-Lac, il y a déjà plusieurs dizaines d’années) ; serpentine et
marbres de l’Ubaye ; granit de Bretagne ; etc. C’est chaque fois différent
et singulier.
Filigranes : Avec quels
outils travailles-tu ? Et quels liens maintiens-tu avec le travail de
dessin ?
Ch. Rambaud
: J’ai commencé en 1995 avec une
meuleuse électrique. Actuellement j’en ai une pneumatique. L’outil n’est
pas volumineux mais on s’est un peu moqué de moi quand même lorsque je
suis allée l’acheter chez un marchand de matériaux ! Je me suis aussi
offert un compresseur. Cet outil, on le tient à deux mains : l’une sur le
corps, l’autre sur la poignée. Tout le corps participe au mouvement.
J’utilise des disques diamants pour couper la pierre, ôter de la matière.
Chaque pierre : grès, granit, marbre, nécessite un disque différent. Des
disques pour matériaux ordinaires servent à travailler en surface, à
creuser légèrement, à polir. Puis il y a des disques abrasifs aux grains
plus ou moins fins pour polir au final. La pierre est calée, tant bien que
mal sur un établi. Tout bouge dans tous les sens ! Il me faudrait investir
dans un étau spécial muni de pointeaux, mais cela est bien cher.
Travailler avec une meuleuse est fatiguant parce que c’est un outil
dangereux et qui demande une grande attention. Quand on coupe le contact
électrique, le disque continue de tourner et peut carrément trancher la
table de travail ! Il faut prendre des précautions : je porte un masque,
des lunettes, un casque sur les oreilles. Je suis harnachée et je me
protège la tête car le travail dégage énormément de poussière, on en sort
blanc de haut en bas ! Ceci étant dit, cet outil donne une puissance qu’on
ne trouve pas avec un ciseau. Impossible de trancher un galet sans
meuleuse.
Vers l’expo
Filigranes : Un artiste
commence à travailler pour lui, s’essaye et cherche. Arrive le moment où
il a envie – ou besoin - de montrer ce qu’il est en train de faire :
carnets, gravures, pierres, autres travaux… Quel rôle jouent les
expositions ?
Ch. Rambaud
: Ma première expo, je l’ai faite
après quatre ans de travail. J’étais très contente mais j’avais
l’impression de sacraliser un travail qui ne méritait pas tant d’égards.
Un peu comme un texte qui paraît pour la première fois dans une revue,
sauf que le texte est unique alors que l’exposition multiplie les travaux
d’une même personne.
En exposant, on prend de la distance par rapport à son travail. C’est
l’occasion de jeter un œil critique sur ce qu’on a fait et que l’on
expose ; en même temps, à titre personnel, on mesure avec étonnement et
satisfaction le chemin parcouru. Les visiteurs vous apportent beaucoup :
je repense à ce jeune homme qui était resté planté pendant une dizaine de
minutes devant une certaine production – il avait choisi de ne regarder
que celle-là dans toute l’expo – et était venu me remercier de l’avoir
produite, moi qui n’aimais pas cette production et qui avait failli ne pas
l’exposer ! Etonnant ! J’en ai tiré la conviction que nous ne sommes pas
maîtres de ce que nous déclenchons, ni des échos qui peuvent naître à
partir de telle ou telle œuvre. C’est là une raison en elle-même
suffisante pour décider d’exposer !
A côté de ces grandes expositions, je me suis attachée à exposer au moins
une fois par an avec d’autres plasticiens. En effet, quand on crée il faut
entrer dans un rapport social avec d’autres, sous peine de tourner en
rond. Autrement dit, dès qu’une série est prête, je la sors, que ce soit
dans une bibliothèque, un bistrot, une salle quelconque. Je ne parle pas
des galeries marseillaises avec lesquelles les contacts ont été très
décevants : on ne cessait de me demander de refaire des choses déjà
anciennes, dans tel style, dans tel autre, au hasard, des collages, des
travaux avec la matière ou du papier journal, mais surtout en plus grand
nombre afin de pouvoir vendre. J’en tirai une impression de retour en
arrière obligé et surtout une grande frustration.
Filigranes : Exposer,
cela pose aussi de nouveaux problèmes techniques.
Ch. Rambaud
: Oui, je l’ai très fortement
ressenti avec mes pierres gravées. Quand est venu le
projet de les exposer, il a
bien fallu qu’elles tiennent sur des socles. Cela m’a posé un vrai
problème. Je me suis aperçue que je passais presque autant de temps à
faire un socle qu’une tête : il faut percer, trouver une tige, et on est
face à des problèmes techniques importants. Et puis vient la question :
qu’est-ce que c’est qu’un socle ? Brancusi disait qu’il fait partie de la
sculpture, qu’il faut donc le travailler ; d’autres pensent au contraire
que le socle doit être neutre et ne pas gêner la sculpture. Où est la part
des choses entre le socle travaillé et la sculpture elle-même ? Une
nouvelle problématique surgit.
Filigranes : Et la
vente…
Ch. Rambaud
: Dans toute expo, j’affiche des
prix. Quand je fais les bilans, je constate que je vends un peu… malgré
tout ! Trois, quatre pièces par an, ce qui me paye les outils et donc ce
n’est pas mal.
Changement d’échelle
Filigranes : À
Reillanne, tu as exposé dans un espace naturel et pendant tout un été…
Ch. Rambaud
: Oui, 5 mois ! C’était la
première fois et j’en avais envie depuis longtemps. Envie de changer
d’échelle. Des œuvres semi monumentales : une pièce sculptée dans un
morceau de tilleul d’1m60 de haut environ; une pièce mixte “ chêne +
hêtre ” d’une hauteur totale de 2m. Quel chemin parcouru depuis les
aquarelles ! Je n’étais même pas sûre de pouvoir terminer. J’ai travaillé
sur place pendant 3 mois, dans un champ, non loin du village pour des
raisons de commodité. Les habitants qui se promenaient venaient me voir,
m’interrogeaient avec beaucoup d’humour sur ce que je faisais.
Travail de la pierre, travail de
la langue, quels liens ?
Ch. Rambaud
: Depuis que je sculpte, je fais
moins de carnets au jour le jour. Les carnets ancienne manière contenaient
des fragments de récits, de poésie. Aujourd’hui, j’utilise mes cahiers
“ Projets plastiques et protocoles ” comme journaux de travail : j’y fixe
mes projets, mes réflexions
sur l’avancement de mon travail, sur les difficultés auxquelles je me
heurte, mais aussi ce que je remarque, les personnes que je rencontre et
ce qu’elles m’apportent. J’y mêle des réflexion théoriques, des choses
lues, actuellement par exemple à propos de Tapiés et Beuys autour de la
question : en quoi le langage plastique est-il une écriture ? (2)
Filigranes : Tu évoques
les écritures d’accompagnement, mais ce n’est pas tout…
Ch. Rambaud
: Autant l'écriture de mes carnets
m’a donné de l’assurance, autant le travail de la sculpture m’a aidée à
écrire pour filigranes. Je
me suis dit que travaillant de la matière, je pouvais certainement
travailler des mots.
Quand j’ai découvert l'écriture, dans les premiers ateliers vécus avec le
GFEN (c’était en 1983), je pensais très naïvement que le travail
d’écriture consistait à inventer des mots et qu’on ne pouvait pas écrire
avec des mots de tous les jours ! Du coup j’avais produit un texte
totalement nouveau et totalement incompréhensible. Maintenant, je me dis
que le travail des mots ce serait plutôt d’associer de manière inattendue
des mots existants, de créer cette sorte de surprise, de rupture, qui naît
de voisinages neufs, à la manière de ce que je fais dans mon travail
plastique en mariant le hêtre et le chêne, le bois, le métal.
Pour écrire, je collectionne des mots, je pioche dans des listes mais je
ne taille pas et j’ai le sentiment, certainement trompeur, que je ne
réécris pas. Je ne me sens d’ailleurs pas écrivain. Etre écrivain, c'est
écrire mille pages pour n'en publier qu'une, de même que le plasticien
fait des centaines de têtes mais n’en expose que quelques-unes.
Filigranes : Les
pierres parlent-elles ?
Ch. Rambaud
: "Paroles de pierres" me renvoie
à ce que l’on grave mais aussi à la dimension inaltérable de toute
gravure. Une forte prégnance, quelque chose de durable et solide. En même
temps, on peut changer, faire autre chose. Ce qui est émouvant dans la
pierre, ce sont les traces d’histoire, les âges géologiques face auxquels
nous ne sommes que de l’infiniment petit.
Je finis par savoir bien des choses au sujet des pierres ; je retrouve des
notions anciennes acquises autrefois sur les bancs de l’école pendant les
cours de géologie. Au fond, mon désir ce serait d’inventer des objets qui
n’ont pas encore existé, de le faire avec des pierres anciennes. Innover
mais avec des formes, en quelque sorte, éternelles, qui existent depuis
toujours. Je n’ai plus le temps de faire autre chose, je n’ai qu’une
envie : produire.
Cet entretien a
été réalisé
par Odette et Michel Neumayer
1- GFEN :
Groupe Français d’Education Nouvelle. Ce mouvement d’éducation, de
recherche et de formation organise des stages, des ateliers de réflexion
et de création autour de l’idée du "Tous capables" et du "Tous
créateurs".
Contact en Provence : GFEN Provence
1, Allée de la Ste Baume
13470 CARNOUX EN Provence
2- "Joseph
Beuys" par Démosthène
Davvetas. Dans la même collection, le volume
"Antoni
Tapiés"