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Edito
L'exploit, dit-on, serait de faire
parler les pierres.
Avec le temps, c'est vrai, les
pierres se couvrent de signes, elles se confient des messages et dialoguent
ainsi de siècles en millénaires par-delà et à l'insu des générations humaines.
Elles sont des lieux de caractères : écriture sacrée, placide, hiéroglyphique ou
tags rageurs, amoureux, voués à un rapide effacement. Dressées ou abattues,
elles nous parlent, nous racontent des moments d'histoire.
Voyez ce mémorial élevé à dessein
: "Passant, souviens-toi !", où sont inscrits les noms de ceux qui ont signé
leur vie. Mais ne se souvient que celui qui veut se souvenir ! Certaines pierres
sont fragiles et c'est à la mémoire qu'il revient de les soutenir. Le temps
humain est si court !
Les pierres se laissent faire,
amasser, empiler, caresser, ciseler. Cela commence par les assauts de l'eau
contre la roche : usées, érodées, elles perdent de leur tranchant mais gagnent
en inertie. Elles se brisent et roulent dans le lit des rivières. Elles
deviennent galet.
Et l'homme, frêle témoin, arrache
le galet rond à son milieu naturel, en fait son matériau premier pour des
figures offertes à l'éternité des formes. Alors, la pierre n'est plus roche,
mais objet apprivoisé, travaillé par l'habileté de l'homme. La pierre n'est
rien, tout est dans l'œil qui la scrute, dans la main qui l'entaille, la polit,
la grave.
Il en est des paroles comme des
pierres. Elles résistent à la durée. Parfois, elles nous impressionnent tant,
qu'elles suscitent en nous des désirs de conquête, des besoins d'affrontement ou
d'explication.
Parfois aussi elles s'effacent.
Odette
et Michel Neumayer
4.12.00
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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