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Edito
"Max PLANCK, pionnier de la
physique quantique, a en 1931 exprimé de la façon suivante les prémisses de sa
science :
1)
il existe un monde extérieur réel indépendant de ce que nous faisons pour
accéder à sa connaissance, et
2)
nous ne
pouvons jamais avoir une connaissance directe du monde extérieur réel [...]."
Lars Gyllensten, "Le visible et
l'invisible",
Lettre Internationale N°
29, (été 1991)
Je n'ai à déclarer que ce que j'écris.
Je poursuis un but qui ne peut être atteint, parce qu'il est, par sa nature
même, insaisissable. Il pourrait se nommer "l'autre", évoqué, invoqué, mais il
est innommable celui qui se meut dans un horizon différent du mien, au-delà de
mes espaces de prédilection, là même où l'exil est un risque.
Attiré, repoussé, dans l'impossibilité de
transgresser l'invisible, je m'aventurerai, contournerai, négocierai pour
connaître l'étendue de mes biens, de mes manques. Tout ce qui serait de ce
côté-ci de la ligne de démarcation, dans ces régions incertaines – marines et
langues de sable – m'appartiendrait, porterait mon empreinte. Travail permanent
pour lutter contre l'effacement et recommencer le texte de mémoire.
Il est d'autres frontières que celles des
douaniers ou des soldats, mais sur quelle expérience de l'intériorité, sur quels
espaces à écrire ouvre ce monde où se décèle, facette du mystère, la présence de
l'autre ? Le maintenir à distance ou l'approcher au plus près ? Lui qui se tient
hors d'atteinte, absent et témoin, comme préservé par son attirante étrangeté,
immortel et multiple dans son enveloppe de silence.
Avec lui le dialogue est-il possible ?
Pour écrire, je franchirai en son nom
maintes barrières successives, irai de métaphore en métaphore, lèverai les
écrans entre "je" et "moi", le forcerai dans mes derniers retranchements. Puis,
d'une tension qui oppose et unit à la fois, je me détacherai de lui pour
qu'advienne dans le texte le blanc et le noir du temps, l'autre de lui.
Aujourd'hui,
se devine
le fantôme clair de midi
Disposant que je sois,
que je signe.
Sais-tu que je suis
dans ton histoire ?
Sur la pointe des pieds
j'énonce mon identité.
Odette et Michel NEUMAYER
Septembre 1991
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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