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Edito
"Les yeux
quand ils s’ouvrent découpent dans le réel un ordre du visible ..." Marc
Le Bot
Si voir, c’est questionner le monde sur ses
apparences, écrire serait donner à lire une ambiguïté, une épaisseur, une non
transparence qui sont les réponses mêmes du monde "avec sa part d’obscurité
irréductible" (Philippe Jaccottet).
Écrire pour donner corps à d’autres savoirs. Écrire
pour se voir sous le masque des mots. Découper le réel avec la langue, le faire
advenir dans la langue car, semblable à l’oeil qui crée l’image regardée, le
texte crée le monde qu’il évoque, feint d’évoquer.
Le texte, lieu de notre audace, porte les marques de
notre trouble, et nous révèle ce que sans lui nous ne verrions pas. Mais la
présence de l’observateur ne modifie-t-elle pas la chose observée ?
Lecture élective. Laisser s’exacerber le regard, puis
risquer le sens à partir de ce rien : "rendre lisible, c’est rendre visible".
Voir suppose qu’on puisse nommer jusqu’à l’illisible l’étrange en filigrane sous
le familier.
Paradoxe du lire. L’image meurt d’être nommée, mais
sans regard sur lui le texte n’existe pas. Fugacité du travail de l’oeil,
permanence du texte. Porte qui mène à d’autres portes.
...en ce jour où les peuples ont eu raison de leur
"mémoire divisée", de leurs "paupières murées".
Odette et Michel
Neumayer
10 novembre 1989
"S’il convient maintenant d’ouvrir les yeux, ce sera comme on
remonte du fond d’un lac, brasse lente de la pensée, vers la surface enfin, où
nous attend d’une seule vue l’étrangeté des commencements".
Patricia CASTEX-MENIER “ Chemins d’éveil ”
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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