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Filigranes N°11
"Nourritures"
Mars 1988
   
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Edito

NOUS TRAVAILLONS CONTRE LE VENT à écrire la vie, quand morts et folies sont à dire ; quand ne plus manger est devenu le seul moyen de parler encore avec l’autre, de s’en faire entendre, de s’en défendre.

Refuser de manger, et, pour que l’histoire prenne corps, se détacher de son corps en prenant tout son temps, en un lent suicide porteur d'un sens ultime.

Force de celui qui, pour protester, retient son désir de nourriture, et rappelle son mourir au bord des lèvres.

Mortelle mathématique. A partir de quelles faiblesses physiologiques le POINT DECISIF et symbolique du non-retour est-il atteint ?

L’histoire du corps de l’autre implique aussi le nôtre.

Toi qui joues de ta présence / absence, devras-tu, pour me convaincre de ton innocence ou de ton bon droit, aller jusqu’au bout de ta logique suicidaire ?

Maigre territoire, abandonné déjà, tu pratiques la vengeance de la porte fermée.

Ecrasé par le temps qui passe dans tes veines et vient battre en ton corps sa chamade perverse, tu accèdes au renoncement suprême.

A peine as-tu encore conscience que l’instant est marqué d’avance, et que bientôt, très vite, il ne sera plus temps.

Et plus le temps de la fin approche et plus la jouissance est grande de le perdre, goutte à goutte. Comme si la décision ne dépendait plus que de toi. Seul.

S’abstenir. Manger. Fin ?

 Odette Neumayer
29 février 1988

 

 

 

FILIGRANES  (filigran) n.m. (1673) du lat. "filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en transparence dans certains papiers.

(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte.

 

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