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Edito
NOUS TRAVAILLONS CONTRE LE VENT à écrire la vie,
quand morts et folies sont à dire ; quand ne plus manger est devenu le seul
moyen de parler encore avec l’autre, de s’en faire entendre, de s’en défendre.
Refuser de manger, et, pour que l’histoire prenne
corps, se détacher de son corps en prenant tout son temps, en un lent suicide
porteur d'un sens ultime.
Force de celui qui, pour protester, retient son désir
de nourriture, et rappelle son mourir au bord des lèvres.
Mortelle mathématique. A partir de quelles faiblesses
physiologiques le POINT DECISIF et symbolique du non-retour est-il atteint ?
L’histoire du corps de l’autre implique aussi le
nôtre.
Toi qui joues de ta présence / absence, devras-tu,
pour me convaincre de ton innocence ou de ton bon droit, aller jusqu’au bout de
ta logique suicidaire ?
Maigre territoire, abandonné déjà, tu pratiques la
vengeance de la porte fermée.
Ecrasé par le temps qui passe dans tes veines et
vient battre en ton corps sa chamade perverse, tu accèdes au renoncement
suprême.
A peine as-tu encore conscience que l’instant est
marqué d’avance, et que bientôt, très vite, il ne sera plus temps.
Et plus le temps de la fin approche et plus la
jouissance est grande de le perdre, goutte à goutte. Comme si la décision ne
dépendait plus que de toi. Seul.
S’abstenir. Manger. Fin ?
Odette Neumayer
29 février 1988
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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