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Edito
PROLOGUE
Où on décide que la pièce pourrait s’appeler “ Maladie d’ailleurs ”, ou “ Voyage
au centre du texte ”, que tous les parcours seront permis au cours des cinq
actes. Mais la question posée restera : “ le voyage est-il une solution ? ”
ACTE 1
Où l’on éprouve comme un état de saisissement. Le sujet est agi. Il y a
nécessité de partir, car on est cerné par le manque.
Des lectures préalables ont à la fois donné l’envie et le code, le chiffre et le
langage.
Des choses ont été dites qui appellent le palimpseste : mes pas dans les pas de
l’autre. Lapérouse, Gaston Leroux, Kenneth White, Heine, attendez-moi ! Je me
prépare !
ACTE 2
Où l’on a peur du flou, de l’inconnu et de la vacuité du temps perdu.
Il faut se qualifier, dépasser le pré-texte, subir avec succès l’épreuve de
l’écart entre le prévisible et l’imprévu, celle de la différence entre
l’angoisse du labyrinthe et la jouissance de celui qui balise des terres
nouvelles.
Mais un matériau merveilleux est à disposition : bagage d’images et de
structures réelles ou inventées, conscientes et inconscientes.
A condition de passer contrat et de choisir entre le parcours horizontal du
récit et la scrutation verticale de la poésie.
ACTE 3
Où s’érige le code organisateur. Où s’affirme la construction du sujet. Car on a
retrouvé les matrices originelles et presque conquis l’objet de la quête.
C’est le temps du mûrissement : les images se structurent et se tissent en mots,
selon une geste où le malentendu est toujours possible.
ACTE 4
Où l’on prend de la distance par rapport au voyage, car se pose la question du
sens. Où les mots cachent une autre scène, entre réalité et fiction. Il n’y a
pas le large, laissant le sujet dans sa langue. L’écart se creuse, l’écriture
sera différante.
Il est confirmé que le but est atteint et comme en un miroir capté l’objet de la
quête : on s’y reconnaît. Leurre.
C’est ici qu’on atteint le point de non-retour.
ACTE 5
Où le voyage se donne à lire. Indéfiniment différable, reporté, reproduit, parce
qu’il a eu lieu et s’est produit comme texte.
C’est la gloire. Le sujet, de retour, trouve un destinataire, agit sur d’autres
sujets : envies de départs, désirs d’écritures. La boucle est bouclée.
NOTA BENE
Les cinq phases du voyage créateur se chevauchent. Les limites ne sont pas
toujours nettes. La succession des moments n’est pas immuable. Le malentendu
reste entier. Le voyage raconte-t-il le voyage ?
(Tissage à partir de quelques hypotextes. PROPP et la Morphologie du conte,
ANZIEU Le corps de l’oeuvre, CALVINO dans la “ Lettre Internationale ” N°
5, DERRIDA)
Odette et Michel NEUMAYER
10.01.86
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FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat.
"filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou
or),de fils de verre,entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en
transparence dans certains papiers.
(Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas
explicitement dit dans le texte.
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