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Cette page donne un aperçu de nos ateliers de réflexion et de préparation des numéros à venir...    

 

   
   

"Entre-deux"

Reflexion sur le numéro 79 à venir
15 janvier 2011, Les Espillières, Aubagne.

 

Un atelier d'écriture…

Les consignes pour écrire

1 - Chacun choisit deux textes dans un ensemble d'extraits tirés de la Lettre aux abonnés du site Poézibao (http://poezibao.typepad.com/).

2 - Écriture d'un texte perso "dans l'entre-deux". Lecture et discussion.

3 - Lecture d'un extrait du psychanalyste Daniel Sibony.


"Nous avons vécu et pensé jusqu'ici sous le signe de la différence : différence sexuelle, différences entre autochtones et étrangers, différence entre malades et bien portants, entre normal et névrosé, entre mort et vivant (…) Il y a toujours eu un trait, une frontière qui départageait le tout, avec en deçà et au-delà, et qui faisait la différence (…) (Nous devons à présent considérer) que l'entre-deux est une forme de coupure-lien entre deux termes, à ceci près que l'espace de la coupure et celui du lien sont plus vastes qu'on ne le croit ; et que chacune des deux entités a partie liée avec l'autre. Il n'y a pas de no man's land entre les deux, il n'y a pas un seul bord qui départage, il y a deux bords mais qui se touchent ou qui sont tels qu'un flux circule entre eux (…)"

Daniel Sibony, Entre-deux – L'origine en partage, Seuil 1991.

4 - Discussion sur les liens existants avec nos préoccupations cette année à Filigranes.

5. Intervention de Michèle Monte à propos de la notion de… la théorie linguistique d'Antoine Culioli :

Culioli

6 - Écriture perso.

 

Des textes…

Écrit entre Agnès Rouzieur Non, rien (Cahier du collectif Change)
et Alexandre Musina traduit du roumain par Fanny Chartres.

Le kilomètre zéro Ici, dans la cuisine, je suis seulement moi, un petit roi matinal, un empereur aux yeux embrumés. Ici, c'est moi qui commande. Je fais ce que je veux avant que les pensées tapies dans mon cerveau sortent de l'ombre. Elles s'emparent de l'espace, le matérialisent, le chosifient, s'y répercutent comme à l'intérieur d'une sorte de conque à répétition : il, toi, je, nous… Devant la feuille blanche, stylo en main, je laisse venir, je tire un fil de ces pensées qui virevoltent dans ma tête, pour en saisir une. Je la saisis, la coince, la plaque au sol. Je laisse la main faire des mots avec l'encre informe du stylo. Je… tu… il… frissonnent avec moi. Ils savent que la paix ou l'effroi sont là, sans démesure et que c'est le souffle de mon âme qui va les guider. Ainsi se marie le désir de l'attente J'entends mon cœur battant, le cœur d'une galaxie en gélatine Comme tu, comme il, comme je, radieuse image, sommes.

Nicole Digier Jeannine Anziani

 

 

L’entre-deux textes Entre Villes avec un visage de Nicole Brossard
et Fusion dans le bleu de Michèle Tortorici

Corps mêlé d’obscur Brume exsudée par l’âme un jour d’été Visage effacé dans les sables

Il faut malgré tout parvenir à destination Vouloir ce chemin de solitude dans l’infini bleuté de la mer

La ville est submergée par les flots de mémoire Qui forment des concrétions de chair au fond de sa gorge Ne pas s’anéantir totalement dans l’irrésolution de l’être

Laisser la trace d’un pas, d’un pied, d’un jardin oublié Graine de lumière enfouie dans la plaine, bleue et brumeuse

Fatale l’irrésolution, qui aggrave l’errance Fatale l’erreur plantée sous le pas

Corps effusion, corps en fusion, fondu dans sa nuit Qui avale la mer et l’horizon jamais abordé Destination inconnue, maintenue dans l’ouverture du désir Aborder à un nouveau visage *** Geneviève Bertrand 15/01/11

Au croisement du Faubourg du Temple

Pas d’ici Pas d’ailleurs Dans ce chassé croisé d’identité, le passeport est baguette magique Passage du visible à l’invisible – et retour

Papier identitaire : celle qu’on te donne, qu’on te reprend Qui s’inverse selon le passage des frontières Qui ment à l’autre que toi-même devenu autre-ment dans l’emprunt d’identité Perte de soi resté ailleurs, pour qu’ici tu absorbes le visage de l’autre Alors, qui suis-je quand je quitte ma chambre ?

Identité en partance Papier sans retour Habitant de l’absence

Détourne retourne ce papier Rature gribouille inscrit ta marque Grave ton nom, celui que tu portes aux entrailles Ecris ton cri, celui des origines Ecriture clandestine qui déjoue les partages de territoire et de langue

Oui, l’écriture donne chair au vide

Geneviève Bertrand
15 janvier 2011
En écho au texte « tiré à part »

 

 

Entre-deux Après lecture de Bateaux de misère de Patricia Lejeune

Est-ce un chant, est-ce une plainte, est-ce un poème – bleu – pour dire la peine ? Les mots sont noirs comme l’ébène et parlent de fleurs blanches et de sueur. Coule la peur et crient les cœurs. Les mots pleurent les hommes, les femmes et les enfants passant contre leur gré par-dessus les océans. Prix du passage. Prix du sang.

Aujourd’hui, il y a d’autres enfants à qui j’aurai envie de raconter cette histoire, cette chronique d’un autre temps, ce récit qui se répète maintenant différemment. À peine. Narrer la peine du frère humain qui a perdu ses frontières, ses repères. Parler des couleurs de l’homme. Conter l’homme et la musique de l’homme. La musique de l’écriture de l’homme… Mélodie blues qui résonne, qui sonne, qui délivre et livre…

Jeannine Anziani

 

 

 

Entre Crépuscule d’automne de Julio Cortăzar
et des extraits du dernier livre d’Andrée Chedid

Suivre le fil d’Ariane qui va d’Andrée Chedid à Julio Cortázar ? Elle est où ma terre ? Partout, ailleurs. Et ma demeure ? Ici, là-bas… Quel regard poser sur ces instants d’éternité : le vent qui fait plier les branches du laurier, ta main qui caresse doucement le visage de l’enfant ?

J’existe ! Assemblage de particules improbables et j’essaie d’avancer encore, d’espérer toujours dans le mystère du temps. Ma terre ? C’est ton sourire dans le matin gris, c’est le courriel d’un ami mais pour elle et pour lui l’angoisse et la peur de cette putain de guerre qui n’en finit pas. Alors des fois, je ne sais plus si j’habite vraiment la même planète que les autres gens. Il vaudrait mieux ne pas lire les journaux, ni regarder les infos à la télé et n’écouter que la musique à la radio ! Oublier l’horreur pour ne garder que la splendeur. Allumer une bougie pour danser avec sa flamme. N’attendre rien, attendre tout, ce qui revient au même.

Jeannine Anziani

 

 

Entre Jacques Jouet et Julio Cortázar

Une histoire d'arbres, des arbres à histoires

Parlez-moi de ce cerisier Qui négligeait son devoir De produire !

Tous les ans, Au printemps, Annonçait des merveilles.

Juin venu, point de cerises ! Juste la couleur, Vue de loin.

Avancez donc vers les boules vermeilles L'eau à la bouche Et le panier en main !

Vos papilles se souviennent De Burlat juteuses, De Cœur de pigeon craquantes.

Hélas ! Toutes pourries ! Agglutinées dans la déconfiture. Quelle guigne pour cette année !

Odette Neumayer