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« Collages, savants chaos» "Tout le monde sait que l'artiste tient à la fois du savant et du bricoleur." Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, 1962. Sachant que tout est vanité et que le monde, intérieur comme extérieur, est désordonné, morcelé, en un mot, complexe, quel regard portons-nous sur l'écriture ? Quels échos de cette réalité mouvante tentons-nous d'inscrire dans les textes ? Quelle idée nous faisons-nous de ce qu'est un auteur : démiurge jouant au mécano, combinant mots épars, expressions choisies, arguments élus ? Architecte décidant de la construction de son œuvre, forçant le lecteur à trouver son propre sens ? Ou l'égarant sciemment sur des chemins de traverses ?
Collages, bricolages : proximité de sens et de sons. Glissement de l'un à l'autre. Coïncidence ? Le bricoleur ruine l'idée de génie inspiré. Inventif, il est porté sur l'expérience. Il tire parti des mots et veut être conscient de ses savoir-faire, toujours curieux de la fécondité de ses intuitions, même quand elles l'entraînent aux limites de l'absurde. Il accommode ses ressources, aménage ses archives, nomme ses savoirs jusqu'à l'ivresse. Il consigne de multiples projets, quitte à n'en suivre aucun en particulier. Certes, le hasard joue encore son rôle, mais c'est un art, un sublime bricolage que d'organiser la contingence !
Couper court, coller, juxtaposer, composer le dedans, le dehors. Désir de maîtriser. D'un côté, des fragments, des bribes, quelques morceaux de rêves pris dans un coin, et de l'autre, le dessein de créer un ordre à partir du désordre, un semblant d'unité. Les relations cachées entre les parties, l'idée fixe poursuivie, tout est du ressort de la fantaisie imaginative qui préside aux arrangements. Et le passage de l'informulé à quelque chose de compréhensible, sinon cohérent pour l'autre, sera toujours un mystère. Comme si par l'écrit, on pouvait apprivoiser les "causes premières". Essentielle utopie ! L'écriture ouvre alors des fenêtres d'ordre dans nos chaotiques pensées. Mais, si elle offre une apparence construite, le paradoxe de cette construction est qu'elle signifie et laisse percevoir l'incertitude même, un irréductible enchevêtrement. Odette et Michel Neumayer Le 31 du mois d'août 2002 ______SOMMAIRE______ "Editorial" Odette et Michel NEUMAYER – 3
Trames et chaînes "Puzzle" Annie CHRISTAU - 5 "Monsieur, …" Marie-Françoise BELAÏZI - 6 "Gazette" Odile DUBREIL - 10 "Improvista" Sophie CHAMBON - 12 "Copier, couper, coller" Liliane COURVALIN – 14 "Fragments de désirs" Laure-Anne FILLIAS BENSUSSAN – 16
Cursives Entretien avec Patrick MASSAÏA. Photographe – 18
VISIONS "Forme incertaine" Agnès PETIT – 31 "Aperçus du tout monde" Michèle MONTE - 32 "C’est quand" Marie-Christiane RAYGOT - 32 "Envol de nuit" et "Masque" Marie Noëlle HOPITAL - 34 "Nadja" Bernard MORENS - 36 "Défendu" Aliette JOUBARD - 38 "Marseille 2" Cédric LERIBLE – 39 "Faits obscurs" Michèle BLANC - 40 "Monsieur Le Vent…" Odette NEUMAYER - 42
Fourbis "Les souffrances d’une jeune vertèbre" René COHEN - 44 "Fleurs glumacées" Robert AMAT – 45 "Le gypaète barbu" Christiane RAMBAUD – 46 "Dialogue improbable" Françoise SALAMAND-PARKER – 47 "Ce fut un choc…" Michel NEUMAYER – 48 "Jeu court" Dominique ANTONINI – 50 "De chaos en poïesis" Annie SOUCHOT - 51
Collages : Elisabeth PFISTERER p. 9 - 37 - 43
| 56 pages Format 15 x 21 ISSN 0296-6409 Août 2002 Commander des numéros… S’abonner... Envoyer des textes... Être informé des prochains thèmes... Cliquez ici... FILIGRANES (filigran) n.m. (1673) du lat. "filigrana" fil à grain).Ouvrage fait de fils de métal (argent ou or),de fils de verre, entrelacés et soudés. Dessin qui apparaît en transparence dans certains papiers. (Fig.) Lire en filigrane, entre les lignes, deviner ce qui n'est pas explicitement dit dans le texte. |